Dans la province de Québec, un débat émotionnel a gardé l’attention des gens partout au Canada. Il s’agit d’une loi dont la finalité n’est autre que le droit accordé à une personne de choisir entre le prolongement de sa souffrance due à une maladie incurable et accepter sciemment que dès que le moindrement la souffrance apparait les médecins peuvent mettre fin à la vie de la personne malade si elle avait fait la demande saine d’esprit. Ainsi la « Loi concernant les soins de fin de vie » a été adoptée le 5 Juin 2014 et sanctionnée cinq jours plus tard, soit le 10 Juin 2014. Cette loi est le fruit de la réflexion de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. Cependant, disons-le maintenant, ce n’est pas un « free for all ». Il y a des balises pour que tout puisse se faire selon les règles de l’art. De nombreux médecins se sont opposés à cette loi, arguant que leur conscience morale ou professionnelle ou même leur conscience religieuse les empêche d’emboîter le pas. Ainsi, quoiqu’adoptée, cette loi ne fait pas l’unanimité. Pourtant dans un blog publié le 14 mars 2017, un journaliste de Radio Canada révèle qu’entre décembre 2015 et décembre 2016, 461 personnes ont obtenu l’aide médicale à mourir, et le nombre a crû plus qu’on le croyait.
Dans ma présentation, je n’entends pas faire le procès de ceux qui ont accepté ou qui ne veulent se soumettre à cette ultime décision. J’ose croire cependant, que quelque soit l’euphémisme accepté : aide médicale à mourir, mourir dans la dignité, soins de fin de vie et autres, (on a occulté le meurtre par compassion qui serait trop tendancieuse), le but ne change pas : enlever sa vie par personne interposée ou se donner indirectement la mort. Qu’un proche puisse par compassion enlever la vie d’une personne souffrante, qu’un malade s’autorise le droit de réclamer sa mort parce que la vie est devenue un lourd fardeau pour lui et sa famille, tout cela a servi de clef qui a ouvert la porte à un débat émotif autour de l’euthanasie ou l’aide médicale à mourir ou encore un débat autour de toute action menant à la mort d’une personne par individu interposé ou du suicide assisté, pour me répéter. Dans ce débat houleux, il revient au chrétien de se situer sur l’essence de la vie telle qu’instituée par Dieu et de se positionner par rapport à ce que la Bible révèle sur ce sujet épidermique.
La genèse de l’homme
Le progrès sublime de la technique permet à tout un chacun qui le désire et qui possède un téléphone intelligent d’avoir une Bible mobile pour faire une lecture au moment jugé opportun. Je ne vais pas citer tous les textes bibliques se rapportant à ce que j’avance, à moins que la demande ne m’ait signifiée. L’idée au départ c’est de voir le suicide sur un autre angle. Ceci étant dit, continuons notre démarche. La Genèse nous montre qu’il revenait aux deux premiers humains divinement créés de féconder, de multiplier et de remplir la terre. C’était l’ordre que le Créateur leur avait donné pour que la terre soit remplie. Leur premier enfant Caïn s’est jalousement révolté contre son frère cadet, Abel, le tua, violant ainsi le droit de vivre donné par Dieu qui régente le nombre d’années de chaque être vivant. Il devint le premier meurtrier de l’histoire humaine. Tuer Abel revient à dire que Caïn se soulève contre le fait de remplir la terre. Plus tard, on voit Nimrod se révolter contre Dieu en voulant créer une tour où tous les hommes et les femmes de la terre pourraient vivre à l’intérieur sans s’intéresser au reste de la nature. Voyant qu’il pouvait réaliser leur projet inique, Dieu intervint et les dispersa selon ce qu’il avait ordonné à Adam et Ève de faire, c’est-à-dire, de s’étendre sur toute la surface de la terre. À ce moment-là, la durée de vie humaine commença à diminuer considérablement si on tient compte du nombre d’années qu’ont vécu Adam, Métushéla et autres. On lit dans la Bible une description admirable de la fin de vie terrestre des hommes de Dieu. Tel roi se coucha avec ses pères et un autre régna à sa place, etc. Une façon ordinaire pour présenter la finalité naturelle de la vie terrestre. Caïn n’avait pas cette vision de la réalité humaine, il préférait la palme d’être le premier meurtrier en dépit des injonctions de Dieu. Il a perpétré un acte en lien avec son refus d’adorer Dieu de façon qui lui soit agréable. Il était tellement éloigné de Dieu que le repentir qui lui était proposé n’a eu aucun écho dans son cœur. Nous lisons dans Ge 4.7 que Dieu lui dit : « Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui ». Cette perche tendue à Caïn pourrait être considérée comme une promesse de restauration. Le révolté, pourtant, s’enfuit davantage. Nous évoquons cette histoire par rapport au parallèle qu’on en trouve dans la sentence tout à fait différente de deux actes de désobéissance, dans l’ordre différent, certes, mais ils se situent dans le non-respect des normes divines. Dans le premier cas, celui d’Adam, c’était le sol qui recevait la sentence de la malédiction (Ge 3.17), alors qu’à Caïn la malédiction est directe : « Tu es maudit du sol qui a ouvert la bouche pour recueillir de ta main le sang de ton frère » (4.11). Quand on lit davantage l’histoire, il ressort que Caïn était conscient que son acte barbare aurait pu lui valoir le même sort ; ce à quoi il refusait de faire face. On remarque aussi que Caïn a reçu une marque qui défendait à quiconque de lui enlever la vie ; empêchant ainsi, qu’au crime on puisse répondre par le crime. Dieu aime la vie. Ce faisant, il intervient directement dans la vie de l’homme qu’il a créé en lui imposant des normes morales dont la non-application aurait pour effet la destruction de l’homme par l’homme. Dans les Dix commandements groupés en relation verticale et relation horizontale, il est explicitement écrit : « Tu ne tueras point » ou « Tu ne commettras pas de meurtre» (Ex. 20.13). En donnant cet avertissement, Dieu savait qu’il arriverait un jour où, la déchéance oblige, l’homme allait s’ériger en défenseur de la vie tout en s’activant à prendre la vie, lors même qu’il ignore tout le mystère caché dans la conception d’un être humain. Le Créateur déclara à Jérémie : « Avant que je t’aie formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais… » (Jr 1.5) et David, se référant à l’omniscience de Dieu dans un psaume exaltant, affirma : « Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés avant qu’aucun d’eux existe. » (Ps 139.16). Autant dire que ce n’est pas seulement la durée des temps que Dieu contrôle, mais les jours destinés à chacun sont devant lui. Pourquoi devrait-on se prévaloir d’un droit de mort sur quelqu’un ou sur soi alors que Dieu ne donnera pas son assentiment à une action visant à enlever la vie. Le constat d’un théologien pourrait s’avérer juste à son égard mais, on ne peut changer l’Écriture ou la rabaisser à notre niveau. Ce à quoi Bonhoeffer est en désaccord puisqu’il croit que « lorsqu’un malade incurable constate que son état et les soins qu’il requiert entraînent la ruine matérielle et psychique de sa famille et qu’il délivre celle-ci d’un fardeau par sa libre décision, on ne pourra le condamner, malgré une certaine hésitation devant un acte aussi délibéré. ». Pourquoi « certaine hésitation » s’il s’avère que le geste posé est de bon aloi. J’aimerais considérer non seulement l’euthanasie ou le suicide mais aussi tout acte qui aurait pour effet d’empêcher l’existence telle que voulue par Dieu.
Le suicide pourquoi
Le suicidaire recherche le néant, il veut aller au plus vite, définitivement et irrévocablement. Quand on regarde de plus près, on réalise, qu’il n’y a pas de pensée unique dans le désir du suicidaire. Nombre d’entre eux relèvent du chantage, ne sont que des mises en scène par des gens qui veulent converger les regards sur eux. De là à faire de chaque suicidaire un comédien est très injuste. Il reste que la personne qui se suicide cause beaucoup d’ennuis à des survivants qui ne demandaient pas cela. Le suicidaire parfois agit par esprit de vengeance, il pose son acte pour attirer la honte sur la famille.
Il se trouve aussi que pour certains, le but, irrationnel bien sûr, n’est autre que de trouver un au-delà meilleur que cette triste existence. Ainsi, Pierre-B. Schneider constate : « On ne se tue pas pour mourir mais pour vivre d’une autre façon, car la mort n’est concevable qu’en termes de vie. » On ne devrait souscrire à une telle assertion, bien qu’il puisse exister dans la tête d’un quelconque suicidé un faux espoir d’un mieux vivre ailleurs pour lui. Un auteur américain, Don D. Jackson, fait une classification des mobiles du suicide qu’il présente de la façon suivante : Auto-agression, Renaissance et recommencement et Perte du respect de soi-même et perte (peut-être imaginaire) de l’objet aimé.
(à suivre)