Cher Jena,
Il m’est difficile de commencer ma lettre sans me demander pourquoi tu ne pensais pas m’écrire. C’est d’autant plus difficile à comprendre sachant que la dégustation des mots qui me sont spécialement destinés procure un bien-être extraordinaire. Je m’efforce grandement de ne rien penser de négatif pour cause de bonne foi. Passons. Des fois, vaut mieux ne pas chercher à connaitre les raisons justificatives des actes des hommes. D’ailleurs, se tenir à ce qu’on te dit peut prévenir tant de souffrances ! D’ailleurs, scruter le fin fond des choses peut être une source d’ennuis inimaginable surtout quand on évolue au milieu des faux frères et sœurs. Et, pour éviter les trouvailles malheureuses, se fier à l’apparence se révèle la meilleure stratégie pour sauvegarder la paix… Ne sois pas trop récalcitrant, cher, fie –toi à ce qu’on te dit. Ou mieux, à la bienveillance ou la bonne foi de ceux que tu côtoies. Ainsi, ta paix, tu sauvegarderas… C’est un bon moyen si ce n’est la meilleure façon de vivre en paix avec tout le monde même ses ennemis inavoués. En fait, c’est l’application de l’ordonnance du christ : rechercher la paix avec tous. Pourquoi ne pas s’efforcer de se fier à sa parole ? Recherchons donc la paix avec tous si nous voulons le voir un jour!
Comme d’habitude, je te parle sans te saluer. Cette fois, Je me passe des excuses. Je me fie à ta bonne foi. Tu souris! Ne t’en fais pas! C’est fait. J’espère que les revers et les vicissitudes de cette vie chargée de surprise ne t’accablent pas trop. Crois-moi, il y a tellement de surprises et d’imprévus que c’est le contraire qui étonnerait. Nous avons assisté à la fin de l’année au départ d’une figure emblématique de la scène internationale. C’est une figure politique admirable. Un exemple de patriotisme hors-pair, Nos jeunes, tels qu’ils soient, gagneraient beaucoup à revisiter son vécu pour puiser de l’inspiration pour changer le monde en général et notre terre patrie, en particulier. Tu as raison d’en parler dans « Lettre à Mon fils » …C’est un beau sujet d’entretien sérieux dédié à ton fils. J’espère qu’il est assez intelligent pour comprendre et capter le message qui s’y cache….Construire le futur ou faire face à la vie requiert des modèles. Un modèle d’homme non egocentrique ni égoïste, plutôt aimable, animé de la volonté de tendre la main –même une main de fer- aux plus vulnérables en quête de survie mérite d’être célébré.
Cher, comment as –tu débuté l’année? J’ai fini par réaliser que c’est extrêmement difficile de garder le sourire tellement nous sommes environnés d’une nuée d’événements troublants. Sans l’amour du crucifié, mon cher, on est foutus! Je viens de vivre des jours étranges… Je vis des jours étranges en compagnie de gens habités de vieux démons tels qu’on aurait pu tout aussi bien dire le diable lui-même. Menteurs, Calomniateurs…. Jaloux… Oh, Tu n’aurais pas imaginé! Quand on vit avec l’idiotie quotidiennement, paraphrasant l’autre, on ne peut se révolter! Tel est mon lot de tous les jours. Je m’attèle, sans en être trop convaincu, à croire être capable de dépasser les ruses et la jalousie de ces” prétendues “ servantes” de Dieu pour m’efforcer à rester sur la voie qui mène au jour sans fin…C’est une lutte perpétuelle. Heureusement que notre Dieu est une source intarissable d’amour, de pardon … Un Dieu qui est toujours prêt à recevoir ses enfants souffrants….C’est là que réside mon appui.
Sincèrement, il m’est arrivé de me dire: “Est ce qu’on a jamais pris du temps- ceux qui se réclament d’être son disciple- pour scruter l’essence du message de Christ? Pourquoi fait-il si mal d’aimer? Pourquoi s’ouvrir aux autres fait-il tant souffrir? Ne sommes-nous pas des frères et sœurs attendant le retour de notre père? La sincérité. N’en parlons pas. Si tu la vois approcher, fuis à pas de lièvre avant que tu ne sois englouti…! Cher, Si je me mets à te conter mes emmerdes des derniers jours, je n’en finirais pas. Crois-moi, si je continue, tu en seras dégouté. C’est l’horreur!
Comme tu l’as pu constater, on a trop à se dire ! Dis donc, quelle leçon as-tu tirée des dernières élections tant qu’en Haïti qu’aux Etats unis? En attendant ma prochaine lettre, Je te formule des vœux qui se veulent pieux mais sincères, que l’année te soit prospère et remplie de jours heureux!
Nanie
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Chère Nanie,
Bonjour.
Je comprends tes reproches. Tes remontrances aussi légitimes qu’elles soient trouvent un coin en moi pour se cacher et aux heures convenables attaquent ce que tu aimes appeler ”mon inflexibilité”. Bien des fois, je me sens désarmé et voudrais m’accrocher aux idées libérales pour contrecarrer les valeurs conservatrices qui m’emprisonnent. Vite, je me reprends. Je refuse de capituler. N’en déplaise à mes amours et mes amitiés.
Parfois, je confesse, tu m’intrigues. Je t’imagine derrière un voile de mystères. Si j’avais le pouvoir, je percerais ce voile pour découvrir la personne que tu es. Je ne voudrais pas faire de la personnalité dans cette mini-correspondance, mais tu es vraiment intrigante. Y-a-t-il quelque chose qui te tracasse ? Si oui, partage-le. Le défoulement est parfois une bonne thérapie pour être soulagé de bien des maux.
J’ai une impression qui souvent me tiraille. L’inquiétude qui en est sortie me rend si apeuré de l’avenir de l’église locale que j’ai envie de fuir et d’aller vivre bien loin de cette présente civilisation qui, comme un monstrueux tsunami, menace de tout emporter avec ses vagues furieuses de corruption. Mon impression, c’est que nos assemblées dites chrétiennes sont à court de conviction. Le monde les a dessalées en les achetant à prix comptant. Elles suivent avec plaisir ses modèles, ses gloires et ses plaisirs. Elles se complaisent à accepter avec désinvolture l’offre de l’ennemi au prix de leur obéissance aux ordonnances divines. Cette complaisance nous unit dans une étrange union avec le monde qui ne voit pas en nous un adversaire mais plutôt un allié. Le Maitre ne nous a jamais enseigné que le monde nous aimera. Plutôt le contraire : le monde nous haïra.
A l’heure actuelle, il est triste de constater que les leaders qui se disent chrétiens cherchent plutôt la popularité et la gloire des hommes au lieu d’être sobres et de conduire le troupeau de Jésus-Christ dans la pleine obéissance à la parole de Dieu. C’est une démarche qui pourrait avoir des retombées catastrophiques. L’adversaire utilise ces leaders pour changer l’ordre des choses. Comme Judas a été payé pour trahir le Sauveur, ils sont payés pour qu’ils induisent les fidèles en erreur. Les églises locales ne militent plus. Elles se croisent les bras et regardent passivement les multiples changements que l’ennemi de nos âmes est en train d’opérer dans nos sociétés. Et ces changements nous poussent tous vers le gouffre. Trop de complaisance nous conduira à notre perte. Au Canada par exemple – et dans d’autres pays – prêcher contre l’homosexualité est contre la loi. C’est de la haine. Le diable nous donne de l’argent comme condition pour nous forcer à renier notre foi.
Nanie, je ne suis pas un leader qui cherche la gloire des hommes. Je sais que la gloire des hommes est éphémère, la popularité est passagère, et l’argent est à la ”base de bien des maux”. A dire vrai, je n’en veux pas. Je n’écris pas pour être applaudi. Je pense, j’écris. Mes écrits sont une forme de lutte contre les détracteurs de la parole de Dieu, tant à l’intérieur qu’a l’extérieur. De l’intérieur, les détracteurs scandalisent l’Evangile ; de l’extérieur, ils vilipendent la Bonne Nouvelle du Salut. J’écris également contre les injustices sociales. Ainsi donc, quand l’injustice s’établit à l’église, je me sens doublement fortifié dans la lutte pour le triomphe de la justice.
Permets que je déclare : Je ne suis pas pour la fête des mères ni pour la fête des pères à l’Eglise, je suis plutôt pour une fête des parents. Célébrer les parents (Père et Mère) ensemble serait d’abord d’établir une différence fondamentale, une nette démarcation entre la conception mondaine et l’approche chrétienne du concept biblique d’honorer les parents. Ensuite, mettre les parents sur le même pied d’égalité sans créer de compétitions futiles entre les deux. Enfin, créer une atmosphère de confiance d’équilibre et de sérénité où les pères ne se sentiraient pas comme des ”laisser pour compte”. Je suis fatigué de l’idée que le monde actuel guide le comportement des membres du corps de Christ. Nous sommes, comme l’a dit Pierre, une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis. Le monde dominé par Hollywood et les media ont eu pour mission de nous dérouter du vrai chemin nous forçant d’adopter leurs modèles de corruption. Moi, je ne me laisserai pas faire. Et toi Nanie ?
A bientôt,
Jena.