Le temps est vraiment révolu. Quand on évoque aujourd’hui l’idée de dictature en Amérique, dans l’immédiat on voit les Somoza du Nicaragua, les Pinochet du Chili, les Trujillo de la République Dominicaine … les Duvalier d’Haïti, pour ne mentionner que ceux-là. Chacune de ces dictatures révèle des caractéristiques exclusives qui font tache d’huile dans les pages de l’histoire universelle. Mais les Duvalier sont un cas spécial et ils ont beaucoup à nous apprendre. Hélas ! Le temps nous manquera dans cette colonne pour relater leurs méfaits, leurs forfaits et leurs bavures.
La dynastie des Duvalier a zombifié l’haïtien à un point qu’elle a imprégné une peur profonde
dans son psychique qui perdure près de 30 ans après la chute de « baby doc ». En 2014, une mère
haïtienne de 73 ans, vivant sur la terre américaine, met en garde son fils de 54 ans de mentionner en
mal le nom de Duvalier sous peine de disparition physique. Pour cette mère là, le tyran est un avatar
dont l’esprit vit encore pour hanter tous ceux qui ne l’aiment pas ou qui disent du mal de lui.
Le régime de terreur qui a pris le pouvoir en 1957 a endeuillé les familles haïtiennes. De Jérémie à
l’Arcahaie, du nord au sud, de l’Artibonite au Nord-Ouest, partout dans le pays les terroristes d’alors ont frappé. Ils ont frappé avec un sadisme impitoyable pour satisfaire leurs désirs macabres. Ils ont ensanglanté la nation. Aujourd’hui au Nigeria, on parle des Bocos harams, au Moyen-Orient, des combattants islamiques sous la tutelle de ‘ISIS’ qui sèment une terreur indigne des humains, dans les années 1957 à 1970, Duvalier et ses sbires n’avaient rien à les envier…….
Ce qu’on a appelé la révolution de 1957 n’a été qu’un mouvement comparé à une rivière sale en crue qui descend furieusement en emportant sur son passage presque tout ce qu’il y avait de bon, de beau et d’espoir en Haïti. Tout le malheur actuel du pays a commencé en 1957. L’exode ou l’exil de nos cadres, la dégradation de notre système scolaire, la destruction de notre agriculture, la mendicité systématique, la dépendance totale de l’étranger, l’occupation du pays… oui tout cela est le résultat direct d’une mal-gérance chronique dont la base remonte aux années de gouvernance des Duvalier. Le souci premier du tyran n’était pas de développer le pays, mais plutôt de contrôler les hommes et les choses. Gouverner
le pays comme sa propriété privée et éliminer ou exécuter tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui, voila l’objectif qu’il a religieusement poursuivi pendant 14 ans de règne. Le bilan en vies humaines est lourd, très lourd. Si Fort-Dimanche pouvait parler ! Si Casernes Dessalines pouvait confesser ! Si le bureau Antigang pouvait témoigner ! Si le silence complice se rebellait contre le pacte signé avec la féroce dictature pour révéler les crimes qui ont eu lieu dans les coins et recoins du pays! Alors on saurait combien de milliers d’innocents sont tombés sous les balles meurtrières des Duvalier.
Selon toute évidence, le dictateurpère n’avait pas récolté ce qu’il avait semé. En Avril 1971, il a passé la torche de la dictature à son fils Jean- Claude. Il a été un digne successeur. Il dira plus tard « Pitit tig se tig » Sous son règne, rien n’a changé dans le fond : arrestations sommaires, tortures, assassinats, dilapidations des caisses publiques, corruption…
En 1986, les patrons de Jean-Claude, sous intense pression populaire, l’ont aidé à quitter le pays. Il s’est rendu en France où il a connu pendant un quart de siècle la dictature de l’exil, faite d’isolement, de nostalgie, de misère. Contrairement à son père, il a un petit peu récolté ce qu’il avait semé. Retourné en Haïti en 2011, il avait la mort dans l’âme. Pendant ces 3 dernières années, le peuple réclamait justice, mais en vain. Et c’est le destin funeste qui en a tranché : le dictateurfils est mort le 4 octobre 2014 d’une
crise cardiaque.
Est-ce la fin des Duvalier ?
On l’aurait souhaité de tout coeur. Mais on n’en est pas sûr. Il y a encore dans les coulisses du pouvoir un rejeton. Il s’agit de Nicolas Duvalier. Il est l’un des conseillers de Michel Joseph Martelly, l’actuel président haïtien. Si, par un concours de circonstance, le petit-fils de François Duvalier le tyran arrive à occuper les arènes du pouvoir, alors la dynastie sous une autre forme peut resurgir. Seulement dans la conjoncture géopolitique actuelle, il est vraiment douteux qu’une dictature féroce comme celle
des Duvalier puisse jamais voir le jour dans la nouvelle Haïti.
Mais là encore c’est l’inconnu. Le futur pour nous les hommes est inconnu. Seul Jéhovah-Dieu, le Créateur de toute chose, a le futur dans Sa main. Il connait l’événement avant même que ce dernier arrive. Lui, Il n’est pas un dictateur. Il nous aime tous et veut notre bonheur. Il nous laisse avec la volonté de choisir. La voie des Duvalier qui consistait en torturant, persécutant, assassinant, ‘enfortdimanchant’ n’était pas la voie divine. Ne biaisons pas à dire que c’était plutôt la voie du diable.
Bonne lecture, Bonne fete de fin d’annee Meilleurs voeux à vous tous.